Pèlerinage

Pèlerinage de Provence à la Sainte Baume


Pour les chrétiens, partir en pèlerinage c’est faire une démarche spirituelle, quitter son quotidien pour mettre ses pas dans ceux du Christ, de la Vierge Marie ou des saints, demander leur protection et obtenir la rémission de ses péchés. Qu’on aille en Terre Sainte, à Rome, à Saint Jacques de Compostelle ou chez nous en Provence, les routes sont balisées de sanctuaires. Très tôt, l’accueil et la garde des lieux saints s’organisent. Ainsi, saint Cassien installe des moines à la Sainte Baume et à Saint-Maximin dès le Ve siècle. Ainsi, on sait que Clovis vint à Tarascon en 500, « frappé par la grandeur et la multitude des miracles », et que « à peine eut-il touché la tombe de la sainte, qu’il fut délivré d’un mal de reins très grave, qui l’avait vivement tourmenté » nous dit Raban MaurMais du VIe au Xe siècle la Provence va connaître des périodes troublées par des partages territoriaux, la peste, les invasions sarrasines…    
Dès le XIe siècle les pèlerins reprennent la route en grand nombre. Les croisés descendent dans le Midi où ils embarquent pour la Terre Sainte. Regardons Saint Louis*: en 1248, avant d’embarquer à Aigues-Mortes pour la septième croisade, il va à Vézelay se recueillir sur les reliques de Marie-Madeleine (on croyait, à cette époque, que le corps de la sainte y avait été transporté). Six ans après, en 1254, à son retour, le moral très affecté par l’échec de la croisade, il débarque à Hyères et se rend à la Sainte Baume et à Saint-Maximin avant de poursuivre sa route vers Paris très réconforté.

La route de Saint-Jacques de Compostelle pouvait passer par la Provence. Curieux? Non, si l’on sait qu’il était plus aisé et moins dangereux d’aller à Compostelle par la mer que par la terre. Les routes étaient peu sûres. On embarquait donc à Marseille. Un bon exemple est celui de sainte Brigitte* ( la patronne des pèlerins) qui quitta la Suède en 1341 avec son mari et une nombreuse suite, se donna une année pour faire son aller et retour à Compostelle, et fit étape dans les grands sanctuaires de la Chrétienté. Elle viendra à la Sainte Baume et à Saint-Maximin, à Tarascon avant d’embarquer à Marseille pour l’Espagne.
D’ailleurs, au pied de la Sainte Baume on pouvait être hébergé au Plan d’Aups où l’église est consacrée à saint Jacques.

De nombreux rois et reines sont montés à la Sainte Baume. Le superbe chemin que l’on emprunte pour atteindre la grotte ne s’appelle-t-il pas le Chemin des Rois? Le « Bon Roi René », Louis XI et François Ier, Henri IV, Louis XIII* y sont venus et, en 1660, Louis XIV aussi, accompagné de sa mère Anne d’Autriche*.  Il présida à la translation des reliques de Marie-Madeleine dans une urne de porphyre. (Leur chemin devait les mener ensuite à Cotignac). De plus, les rois se montrèrent très généreux envers les sanctuaires et les religieux qui les gardaient. Ainsi, si la basilique de Saint-Maximin est dite « royale », c’est que sa construction et son entretien furent financés par les comtes de Provence puis par les rois de France jusqu’à la Révolution.

Sur les tombes de nos saints de Provence vinrent aussi se recueillir des papes, des saints, des religieux, des grands seigneurs et la foule des anonymes. Mais au XVIIe siècle la tradition va être remise en cause, en particulier par Launoy, puis au XVIIIe par les philosophes. Il n’y a pas que notre tradition qui fut remise en cause, tout fut remis en cause et l’Eglise vivra, en tant qu’institution, une période douloureuse, celle de la Révolution de 1789. Ainsi, il fallut attendre Louis XVIII et le pontificat de Pie VII pour que revive la Sainte Baume: en 1822, le pèlerinage du lundi de Pentecôte draina plus de quarante mille personnes à la grotte. Et aujourd’hui ce pèlerinage est un grand événement pour les provençaux qui se retrouvent à la suite de leurs évêques sur les pas de Marie-Madeleine. Nous y sommes tous invités.

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Saint Louis

Voici ce qu’en dit Joinville: « Après ces choses, le roi se partir d’Yères et s’en vint dans la cité d’Aix-en-Provence, pour l’honneur de la benoiste Magdeleine qui gisait à une petite journée près, et fut au lieu de la Basme, en une roche moult haute, là où l’on disait que la sainte Magdeleine avait vesqu en hermitage un long espace de temps. »

Sainte Brigitte

   Notre Seigneur lui dit un jour: « Il y a trois saints qui m’ont agréé par-dessus tous les autres: Sainte Marie, ma mère, Saint Jean Baptiste et Sainte Marie-Madeleine ».

Louis XIII et Anne d’Autriche

 Après 22 ans de mariage, ils désespéraient d’avoir un enfant et, à la suite de prières à Marie-Madeleine, d’une neuvaine à Notre dame de Grâces de Cotignac, la reine avait attendu un bébé, le futur Louis XIV.

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