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Il faut se souvenir que les Sarrasins envahirent la Provence en traversant le Rhône après leur défaite à Poitiers en 732, mais ils avaient déjà sur place, en Provence,  une importante tête-de-pont au Fraxinetum, (aujourd’hui La Garde-Freinet), port et forteresse d’où ils lançaient leurs razzias jusque dans les Alpes et qu’ils n’en furent délogés qu’en 975 par Guillaume et Roubaud, fils de Boson d’Arles et par Ardouin le Glabre, marquis de Turin, aidés par une coalition des seigneurs provençaux et piémontais.(1)

« Avides de pillages, altérés de sang, ennemis jurés de la religion et de ses ministres, ils mettaient le feu aux églises, détruisaient les monastères, et remplissaient tout de carnage et de terreur. Marseille livrée au pillage, la ville d’Arles saccagée, celle d’Aix dépeuplée ou par le fer de ces barbares ou par la fuite des citoyens; les murailles renversées et les églises dépouillées; Cimiez enseveli sous ses ruines; le monastère de Lérins détruit, et ses débris arrosés du sang de cinq cents religieux: tel est le tableau des horreurs que les Sarrasins commirent en Provence au VIIIe siècle, et qu’ils renouvelèrent à diverses époques durant près de 300 ans. » Abbé Papon, dans son Histoire Générale de Provence, parue au XVIIIe siècle.

Mais les rois francs de Charles Martel jusqu’aux fils de Charlemagne ont eux aussi, hélas, bien contribué à la destruction des villes et de leurs archives de ce Sud encore indépendant qu’ils cherchaient à se soumettre, tout en luttant contre Maures (Berbères) et Arabes musulmans, que nous appelons les Sarrasins.

Les documents écrits qui datent d’avant le XIe siècle sont donc très rares, mais d’une grande importance, car ils confortent tous la Tradition:

  • une « Vie » de Sainte Madeleine, écrite au Ve ou au VIe siècle, qui reprendrait les « Actes de Saint Maximin »* disparus. Et d’autres vies, écrites par la suite, qui contiennent des éléments apocryphes.
  • La quatorzième  lettre de Saint Didier. Né vers 580, trésorier du Roi Dagobert puis évêque de Cahors de 630 à 655, Didier adresse un exemplaire d’une « Vie » à l’abbesse Aspasie, avec ces mots:  « Ému de tes larmes, je t’ai déjà procuré l’histoire de cette femme remarquable entre toutes dans l’Évangile. Dans cette histoire, tu trouveras les dignes fruits de pénitence qu’elle produisit et la joie qui remplit le ciel, lorsque celle qui avait été précédemment pécheresse, mérita par ses larmes, devant les anges de Dieu, l’assurance du salut. » Traduit et cité par Sicart « Sainte Marie-Madeleine » tome I

  • une « Vie de Sainte Madeleine et de sainte Marthe » par Raban Maur (766-856).
  • Les Actes du martyre de Saint Alexandre de Brescia.
  • les démêlés au sujet de la primatie d’Arles lors du premier Concile d’Arles en 314: ce fut Marseille qui l’emporta et son évêque, Oresius, successeur de Lazare, qui eut l’honneur de signer le premier le texte du concile.
  • Le privilège accordé en 500 par Clovis à l‘église Sainte Marthe de Tarascon en remerciement de la guérison de ses maux de reins par la sainte qu’il était venu prier sur place.
  • l’inscription de 710* trouvée avec le corps de Marie-Madeleine dans le sarcophage de Sidoine dans la crypte de Saint-Maximin.
  • La tablette de bois, antérieure au V° siècle, enduite de cire et retrouvée également près du corps de Marie-Madeleine, sur laquelle il était écrit:  « Hic resquiescit corpus beatae Mariae Magdalenae ». (Ici repose le corps de la bienheureuse Marie-Madeleine)
  • La tablette de marbre trouvée dans le sarcophage de Sainte Marthe (IVe siècle) sur laquelle était inscrit: « Beata Martha jacet hic ». (Ici repose la bienheureuse Marthe).
  • Le Testament de saint Césaire d’Arles, mort en 503, et adressé à l’Église d’Arles et à Césarie, abbesse du monastère de Saint Jean à qui il lègue la chapelle des Saintes-Maries de la Mer construites sur les sépultures des saintes Marie-Jacobé et Marie-Salomé.

« Alors qu’il s’approchait, comme nous l’avons trouvé exprimé dans les livres du même bienheureux Maximin, le visage de sa servante, à cause de la visitation continuelle et divine des anges, irradiait de telle sorte que quelqu’un aurait pu regarder plus facilement les rayons du soleil que son visage…»

Addition à la « Vie » de Marie-Madeleine, antérieure à Raban Maur. Cité par Faillon Tome II, page 450 D.

(1)         Pp.85-86 de « Cannes, ses lointaines origines », Pierre Cosson, Société Scientifique et Littéraire de cannes et Grasse, Serre éditeur, Nice, 2000.
Résumé :La cause de cette grande coalition fut en 972 la capture par les Sarrasins dans la vallée de la Drance de Saint  Mayeul de Valensole, abbé de Cluny depuis 963, ami du Pape et de Conrad le Magnifique, roi de Provence Jurane.
Il rentrait d’Italie où il avait réformé plusieurs monastères et rencontré l’empereur Otton en 971 à Rome.
La réaction que son arrestation provoqua dans le monde chrétien fut grande et durable, d’autant qu’il  ne fut relâché trois semaines plus tard, le 15 août 972, qu’en échange d’une colossale rançon de 1000 livres d’argent (ou 2000, selon une autre source.)
Guillaume d’Arles qui cherchait une occasion de mettre en œuvre la politique de libération de la Provence dont l’avait chargé Conrad, son suzerain, réunit Piémontais et Provençaux révoltés et en trois ans, ils chassèrent les Sarrasins de leurs arrière-pays.
Le danger reviendra par mer et les attaques violentes se succèderont encore jusqu’en 1197 (Lérins, Antibes, Toulon.)
Une flotte coalisée se forma , rassemblant celle de Marseille, de Gênes et de Pise et chassa en 989 les Sarrasins de Corse et de Sardaigne. Le coup de grâce leur fut donné par Roger de Hauteville, seigneur normand, qui prit Palerme en 1072, les chassant d’Italie. Puis les flottes de Pise et de Gênes leur deviennent supérieures dès 1077…

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